Vous êtes jeunes, vous aimez le cinéma, vous voulez découvrir des pépites cinématographiques, vous voulez des repères, mais vous ne savez pas où chercher. La solution la plus simple est bien sûr de chercher sur le web les fameux « Tops », qui sont nombreux. Mais lequel prendre ? A qui faire confiance ? On va essayer de voir tout ça, en s’arrêtant principalement sur les dix premiers. Alors, Allociné, C’est Quoi Ton Top ?
Ah, Allociné. N’importe quel spectateur français connaît le logo au téléphone jaune. A sa création en 1993, ce n’était pas un site web mais un numéro de téléphone pour se renseigner sur les séances de cinéma, puis pour les réserver. S’ouvrant au Minitel puis au web en 1997, le service est désormais une référence pour connaître les horaires des salles, voir les bandes-annonces des films. Le site dispose également des fiches techniques et d’anecdotes. Vous avez sûrement déjà vu au moins une de leurs émissions, comme « Faux Raccord » où Michel et Michel s’amusent à dénicher la moindre erreur de tournage. Depuis peu, le site essuie de nombreuses critiques à propos de son contenu et de la manière dont il met certains films en avant, mais c’est une autre histoire.
Pour ce qui nous intéresse, le site recense les critiques de la presse en ramenant les notes à un système à 5 étoiles, et permet également à ses utilisateurs de noter leurs films favoris. C’est donc en toute logique qu’Allociné a établi un classement des meilleurs films distincts pour la presse et le public.
Analyse générale
Tout comme IMDb, les films ont pour note la moyenne des notes données par les utilisateurs. La moyenne est pondérée. Cela veut dire que si je suis le seul à avoir vu un film et que je lui mets 5, il sera mieux placé qu’un film vu par 1500 personnes et dont la moyenne des notes sera de 4,5. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous n’avons pas pris le Top Presse, dont les notes sont trop peu nombreuses. Par contre, on peut apercevoir dans la liste qu’Allociné place côte à côte la note Presse et la note Spectateurs. Du coup, il y a un décalage permanent pour les films très populaires mais que la critique n’aime pas et vice-versa. Tout est relatif donc. On peut regretter aussi que la note ne soit que sur 5. Ainsi, il y a moins de nuances et de distinctions entre les films, si bien que les premiers films culminent tous à 4,5/5 sans qu’on puisse vraiment les départager. D’ailleurs, on notera qu’entre la création de l’article et sa parution, 12 Hommes en Colère est monté d’une place, tout comme La Liste de Schindler, sans que l’on ne comprenne pourquoi.
Comme pour IMDb, ce sont dix films américains qui se retrouvent en tête du classement, et ce sont souvent les mêmes réalisateurs. On voit ainsi quel film d’un même réalisateur a plus touché tel ou tel pays.
#10 Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi de Peter Jackson (2003)
4,5/5 sur 79 938 votes.
(79% de 5 étoiles, 12516 fans, 3,8/5 pour la presse)
Avec Elijah Wood, Viggo Mortensen, Ian McKellen.
Sortie mondiale le 17 décembre 2003.
Le film remporte 11 Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure adaptation, meilleur montage, meilleure décoration, meilleurs costumes, meilleur maquillage, meilleure musique, meilleure chanson, meilleur mixage, meilleurs effets spéciaux.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : La Communauté de l’Anneau (2001) est 15e avec 4,5/5, Les Deux Tours (2002) est 20e avec 4,5/5, Un Voyage Inattendu (2012) est 136e avec 4,3/5, La Désolation de Smaug (2013) est 142e avec 4,3/5.
Le film est comme on s’en doute très apprécié avec presque 80% des gens qui l’adorent, et très populaire car avec plus de 79000 votants, Le Retour du Roi est le film le plus noté de ce top, et donc le plus vu.
Ce film est celui qui clôt la trilogie réalisée par Peter Jackson, adaptation de l’œuvre littéraire éponyme de J. R. R Tolkien. La réussite du Retour du Roi, l’un des films ayant le plus rapporté dans l’histoire du cinéma, repose avant tout sur sa base littéraire. En effet, les livres, publiés au milieu des années 1950, ont rencontré un vrai succès, en devenant, dans les années 1960 et 1970, un des symboles de la contre-culture (une adaptation cinématographique a même été envisagée avec les Beatles). Tolkien y développe un monde de fantasy, avec son propre vocable, ses propres langues, avec des inspirations téléologiques, des inspirations mythologiques anglaises et allemandes, des références contemporaines, notamment la seconde guerre mondiale.
Toutefois, certaines œuvres littéraires bien qu’étant des best-sellers, se révèlent, une fois adaptées à l’écran, tout à fait décevantes. En effet, pour qu’une adaptation soit réussie, il faut que la vision de l’écrivain et du réalisateur ne fassent plus qu’une. Il ne faut pas se contenter de mettre l’œuvre en image, mais se servir des atouts que le cinéma a à sa disposition pour enrichir, transformer l’œuvre initiale. C’est là qu’intervient le génie du réalisateur.
Étonnamment, la société Miramax films, au départ, puis New Line Cinema par la suite, misent sur le projet d’adaptation d’un réalisateur qui, à l’exception de son drame Créatures célestes (1994), n’est pas encore pris au sérieux dans le milieu du cinéma. En effet, celui-ci se révèle au grand public avec Braindead (1992) qui lui laisse une étiquette : celle de réalisateur de comédie horrifique ou « gore comedy ». C’est-à-dire des films qui ne cherchent pas à choquer (comme le voudrait le « gore ») mais poussent à un tel degré les codes du genre (sang, morts, les traits du méchant, du héros) que cela en devient ridicule, burlesque.
Quel revirement pour ce Néo-Zélandais, fan de Tolkien, qui ayant trouvé la seule adaptation de l’œuvre incomplète (un film d’animation de 1978) souhaite depuis longtemps la porter à l’écran ! Quel revirement pour Peter Jackson qui, après avoir usé de son talent dans l’utilisation des effets spéciaux pour le compte du « ridicule », du « burlesque » le met au service d’un audacieux projet qui prendra plus de 8 ans à se concrétiser avec le succès qu’on lui connait !
Car ce qui est incroyable dans cette trilogie, au-delà de sa musique enivrante qui dévore nos entrailles à chaque scène de combat, à chaque scène où Frodon Saquet risque sa vie ; au-delà du jeu des acteurs qui rend chaque réplique un peu plus culte par leur sagesse, leur humour, leur éloquence ; c’est ce périple exaltant qui en forme le corps. Qu’il s’agisse du périple de la Communauté, dont le dernier opus à la tache périlleuse d’y mettre un terme ; du périple émotionnel vécu par les spectateurs, ou encore du périple de la réalisation qui par un incroyable travail et une minutie extrême a édifié un monstre du cinéma fantasy, et du cinéma de manière globale.
Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi n’est ni meilleur, ni moins bon, que les deux opus précédents, il est l’apothéose d’une construction monumentale, ou par euphémisme : la cerise sur le gâteau. Une cerise qui sonne la fin d’un cycle et remplit le spectateur de mélancolie. Et bien que l’univers ait été repris une dizaine d’années plus tard avec l’adaptation du Hobbit, celle-ci n’égale en rien la trilogie initiale, autant du point de vue de la qualité de ses plans, que de sa musique et de sa poésie.
#9 12 Hommes en Colère de Sydney Lumet (1957)
4,5/5 sur 8 123 votes
(62% de 5 étoiles, 1456 fans, 5/5 pour la presse)
Avec Henri Fonda.
Sorti en avril 1957 aux Etats-Unis et en octobre 1957 en France. Le film remporte l’Ours d’Or à Berlin.
Sans surprise, le film de Lumet est bien moins populaire que les autres, avec seulement un peu plus de 8000 votes. Chef d’oeuvre pour la presse, même si cela ne repose que sur quelques notes.
On a souvent tendance à parler de chef d’œuvre mais on préférera ici l’appellation de film fondateur. 12 Hommes en Colère réussit l’exploit de dynamiser un cinéma américain en berne depuis l’avènement de la télévision mais également de créer un monument encore dans toutes les mémoires. Pamphlet brut envers une Amérique des plus inégalitaires, Sidney Lumet développe des thématiques sérieuses et engagées telles que la Justice, l’Égalité et la Tolérance d’autrui. Sublimé par une mise en scène simple mais étonnante d’efficacité et de fluidité, le long métrage devient légendaire notamment grâce à l’interprétation des douze jurés avec à leur tête, un impérial Henry Fonda. Un film d’une importance capitale dans le cinéma américain tant il est un modèle de film juridique, politique et social. Un monument qui ne perd jamais son souffle…même 60 ans après sa sortie au cinéma.
#8 Pulp Fiction de Quentin Tarantino (1994)
4,5/5 sur 64 926 votes
(73% de 5 étoiles, 11516 fans, 4,1/5 pour la presse).
Avec John Travolta, Uma Thurman, Samuel L. Jackson, Bruce Willis.
Le second film de Tarantino est présenté au Festival de Cannes ainsi qu’au film de Locarno. Il sort aux Etats-Unis le 14 octobre 1994 et en France le 26 octobre 1994.
Le film remporte l’Oscar du meilleur scénario original, ainsi que la Palme d’Or à Cannes.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : Django Unchained (2013) est 3e avec 4,5/5, Reservoir Dogs (1992) est 64e avec 4,3/5, Inglourious Basterds (2009) est 131e avec 4,3/5.
Ce film qui relance la carrière de Travolta, offre son meilleur rôle à un Samuel L Jackson à la carrière gigantesque, et montre un Bruce Willis plus badboy que jamais, peut se vanter d’une bande originale aussi culte qu’inoubliable, et d’un casting aussi légendaire.
S’il y a bien un film qui sort du lot de la « Tarantino mania », c’est bien le film Palme d’Or à Cannes 1994. Deuxième long-métrage du nouvel enfant prodige du cinéma US et pur chef-d’oeuvre du genre (d’aucun genre), Pulp Fiction est sans conteste le meilleur film de l’un des réalisateurs les plus adulés du 7ème art. Lui, sans doute le plus cinéphile, cultivé et passionné de cinéma avant d’en faire sa vocation. Dès ses débuts, il tient ses références, ses réalisateurs et ses films cultes.
Le génie de Tarantino dans Pulp Fiction est de placer violence, paroles bibliques, overdose, viol, masochisme et comédie dans un film à sketchs dont toutes les parties décousues se rejoignent. Et dans lesquelles apparaissent ces personnages incroyables joués par des acteurs confirmés, relancés, au sommet ou révélés. Son style d’écriture unique en son genre place des réflexions et des dialogues mythiques sur la pop-culture truffée de références et rendant l’action palpitante. Personne n’osera dire qu’on s’ennuie une seule seconde dans ces 2h30 de pur délire.
Inimitable et gravé dans les annales, Pulp Fiction marque le coup de maître du premier des mordus de cinéma. Plus on le visionne, plus on y voit toutes ses subtilités. Sans vieillir dans le temps, il plaira à toutes les générations.
#7 Le Parrain de Francis Ford Coppola (1972)
4,6/5 sur 34 202 votes.
(75% de 5 étoiles, 5433 fans, 4,6/5 pour la presse)
Avec Marlon Brando, Al Pacino, Robert Duvall.
Le film sort aux Etats-Unis le 24 mars 1972 et en France le 18 octobre 1972.
Il remporte l’Oscar du meilleur film, du meilleur acteur pour Marlon Brando et de la meilleure adaptation.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : Le Parrain, 2ème partie (1974) est 34e avec 4,4/5, Apocalypse Now (1979) est 84e avec 4,3/5.
Même s’il est très bien noté, le film n’a que peu de « fans » sur Allociné. Très bonne note pour la presse, aussi haute que pour les spectateurs.
Des Soprano aux Simpsons, Le Parrain (sorti en 1972), est un film si important qu’il est cité dans bon nombre d’œuvres de la culture populaire. Tout le monde l’a vu ou en a au moins entendu parler. On aurait pu craindre qu’avec toute cette mythologie constamment remise en avant, le long-métrage de Coppola devienne moins agréable à regarder. Il n’en est rien. Ce film, long de trois heures, a résisté avec une vigueur certaine à l’épreuve du temps. Le Parrain mérite largement sa place dans le classement des meilleurs films Allociné. Voilà trois bonnes raisons de revoir le Parrain.
La première est la performance de Marlon Brando qui campe Don Corleone/le Parrain. Il livre une composition marquante pleine d’ambiguïtés, Corleone apparaît comme une figure paternelle puissante, protectrice et très attachée à sa famille. Pour autant, ses magnifiques costumes et ses manières, ne cachent que partiellement sa cruauté meurtrière. En attestent les séquences du début du film, où dans son bureau, Don Corleone commandite des meurtres pour protéger ses « amis » avec un sang-froid routinier effrayant.
La deuxième bonne raison de revoir ce long métrage est que Le Parrain constitue une vraie plongée dans le monde de la mafia. On observe toutes leurs coutumes à l’œuvre. Coppola pose des codes et des thèmes qui seront largement repris dans les films de gangsters suivants. Citons par exemple, l’importance accordée aux rituels catholiques, sortes de masques moraux des horreurs commises par les mafieux. Coppola illustre cet aspect grâce à l’utilisation du montage alterné dans les scènes du mariage et du bureau de Don Corleone au début du film. On peut aussi parler de la figure de l’homme ultra viril, protecteur à l’extrême et hyper violent (Sonny qui passe à tabac le mari de sa sœur parce qu’il la bat, on retrouve cette dimension bien plus tard dans un autre fameux film de mafia Les Affranchis de Martin Scorsese). Parlons enfin de la mise en avant d’un paradoxe propre à la mafia : l‘attachement tribal à la famille qui est parfois mise de côté pour des intérêts personnels avec Michael qui, malgré son attachement à la notion de famille, fait tuer son propre beau-frère laissant son neveu orphelin (on retrouve ce schéma bien plus tard dans les Soprano).
La troisième bonne raison est que Le Parrain possède une ambiance unique très différente d’autres films de mafia (en comparaison avec les Affranchis qui viendra vingt ans plus tard). Coppola choisit la lenteur et les effets de contraste pour montrer l’horreur. En atteste le montage alterné à la fin du film où tandis que Michaël assiste au baptême de son neveu, ses hommes tuent un à un tous ses ennemis. La bonté religieuse mise en regard avec la cruauté mafieuse montre avec justesse, l’hypocrisie et l’abjection de ce milieu.
#6 The Dark Knight de Christopher Nolan (2008)
4,6/5 sur 61 299 votes.
(63% de 5 étoiles, 12190 fans, 4/5 pour la presse)
Avec Christian Bale, Heath Ledger, Michael Caine.
Sorti aux USA le 18 juillet 2008 et en France le 13 aout 2008.
Il remporte l’Oscar du meilleur second rôle pour Heath Ledger à titre posthume et celui du meilleur montage.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : Interstellar (2014) est 9e avec 4,5/5, Inception (2010) est 23e avec 4,5/5, The Dark Knight Rises (2012) est 60e avec 4,4/5, et Le Prestige (2006)est 158e avec 4,2/5.
Le film de Christopher Nolan se situe dans le Top Allociné entre ces deux grands réalisateurs que sont Clint Eastwood et Francis Ford Coppola. Depuis Memento, le réalisateur de Inception est souvent nominé aux oscars. Il attire énormément de monde dans les salles de cinéma et ses films sont souvent très bien reçus par la presse. Notamment avec son dernier film Interstellar. Il arrive à combiner le cinéma pur avec le cinéma de divertissement tout en nous embarquant avec lui et nous faisant voyager dans un monde sombre et réaliste de super héros, dans un rêve plongé dans un autre ou encore à travers les trous noirs parcourant l’univers. Cela montre qu’aujourd’hui Nolan est reconnu comme un des plus grands réalisateurs de sa génération. Il est arrivé à se faire un nom avec son frère qui co-scénarise ses films. Au fil des années, les frères Nolan ont réussi à imposer un style propre qui a marqué le cinéma actuel et qui inspiré bon nombre de réalisateurs. Et si le film est classé dans les 10 premiers chez Allociné et IMBD, ce n’est pas un hasard.
Car The Dark Knight est sans doute le film de super-héros le plus abouti et le plus maîtrisé. Que ce soit en termes d’écriture, de réalisation ou d’interprétation, le film atteint des sommets. C’est le meilleur de la saga mais aussi le meilleur film sur le personnage de Batman. Nolan a su imposer un certain réalisme au personnage le plus emblématique des supers héros. Il a rendu Batman plus pragmatique, plus sombre, plus sérieux et surtout plus humain. Et si The Dark Knight est devenu le meilleur film de super-héros c’est parce qu’il n’est ni un film de super-héros ni un film d’action, car c’est avant tout un thriller politique qui questionne notre rapport à la corruption et surtout au terrorisme. Le film fait partie d’un cinéma post 11 septembre qui instaure un chaos constant dans une ville emblématique américaine, en l’occurrence ici dans la ville fictive de Gotham.
Plus qu’un simple film de super héros, The Dark Knight a influencé toute une génération mais aussi les films qui lui ont succédé en essayant tant bien que mal de s’emparer de la patte nolanienne. Si le film est aussi abouti, c’est grâce au génie de Nolan qui nous offre du grand cinéma de divertissement. Il va filmer ces séquences de tension comme de grandes scènes de thriller. Notamment lors de la scène de l’interrogatoire entre Batman et le Joker qui est un pur bijou de mise en scène. Il joue à la fois sur l’éclairage en surexposant la scène, mais aussi sur les cadrages qui se resserrent de plus en plus à chacun des dialogues, et avec l’arrivée fulgurante d’une caméra épaule dans une scène qui n’attendait qu’une chose : exploser. La réussite de la scène tient également de la prestation de l’un des plus grands méchants de l’histoire du cinéma. Heath Leger crève littéralement l’écran, son personnage du Joker étant l’un des personnages les plus complexes jamais créés pour un film de super-héros. Il obtiendra (malheureusement) à titre posthume, l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. C’est la première fois qu’un acteur gagne un Oscar pour un rôle dans un film de super héros, ce qui prouve bien que The Dark Knight à donné ses lettres de noblesse au genre.
Au fur et à mesure que le temps passe, le film devient une œuvre majeure du cinéma actuel. Tous ces facteurs démontrent que le film de Christopher Nolan n’a pas démérité sa place en 6e position du Top Spectateurs d’Allociné.
#5 Gran Torino de Clint Eastwood (2009)
4,6/5 sur 48 015 votes.
(64% de 5 étoiles, 7226 fans, 4,7/5 pour la presse)
Avec Clint Eastwood
Sorti aux USA le 9 janvier 2009 et en France le 25 février 2009.
Il remporte le César du meilleur film étranger en 2010.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : Million Dollar Baby (2005) est 50e avec 4,4/5, Mystic River (2003) est 215e avec 4,2/5, Impitoyable (1992) est 223e avec 4,2/5, L’Echange (2008) est 237e avec 4,2/5.
Là encore, la presse encense le film en lui accordant même une note plus haute que celle des spectateurs. Dans le public, seulement 64% sont totalement satisfaits.
Comment peut-on expliquer un chef d’œuvre qui commence comme une bonne blague (ou mauvaise blague, tout dépend votre degré d’humour) raciste et finit par nous faire nous poser des questions sur la nature humaine ? On évitera de faire le résumé du film, pour ne pas spoiler cette magnifique histoire à ceux qui ne l’auraient pas vue, et préoccupons-nous plutôt de la place de ce film dans le classement.
Clint Eastwood est un habitué des films marquant les esprits (Million Dollar Baby, Le Maître de Guerre, Jugé Coupable, Impitoyable, Mystic River, Sur la route de Madison, etc…) Dans ce long-métrage, il s’intéresse à la communauté asiatique et au racisme qu’elle subit (alors qu’habituellement on ne nous parle que du racisme anti-noir). C’est déjà en soi une grosse prise de risques et cela aurait pu faire douter le public en raison d’un sujet ne faisant pas les gros titres des médias. Mais en campant le rôle du beauf américain dans toute sa splendeur, Eastwood nous montre deux choses : qu’il est un grand acteur, mais aussi un grand réalisateur/producteur n’ayant pas peur des défis. L’histoire est drôle, touchante, mais aussi très sérieuse et nous fait aller du rire (grâce à des personnages secondaires amusants comme la vieille dame sur son perron ou encore le coiffeur) à des réflexions plus profondes (les gangs dans la société américaine, qu’est-ce qu’être un homme ?). Certains pourraient dire que cela ne suffit pas à faire un chef d’œuvre. Et pourtant, c’est justement la maîtrise de ces éléments à travers l’histoire couplée à un excellent montage qui font que ce film ne peut pas passer inaperçu.
La réalisation est propre, les acteurs sont dirigés comme il faut, et les dialogues s’accordent parfaitement aux situations (les passages chez le coiffeur sont un excellent exemple). La fin peut surprendre mais c’est justement elle qui nous fait prendre conscience d’une part ce que c’est d’être un homme, mais surtout que tout homme peut changer.
#4 La Liste de Schindler de Steven Spielberg (1994)
4,6/5 sur 39 045 votes.
(75% de 5 étoiles, 4246 fans, 4,2/5 pour la presse)
Avec Liam Neeson, Ben Kingsley, Ralph Fiennes.
Sorti aux Etats-Unis le 4 février 1994 et en France le 2 mars 1994.
Il remporte 7 Oscars dont le meilleur film, le meilleur réalisateur, la meilleure adaptation, la meilleure photo, les meilleurs décors, le meilleur montage, la meilleure musique.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : La Dernière Croisade (1989) est 70e avec 4,3/5, Il faut sauver le soldat Ryan (1998) est 82e avec 4,3/5, Les Aventuriers de l’Arche Perdue (1981) est 87e avec 4,3/5, et E.T. (1982) est 217e avec 4,2/5.
C’était presque impossible que l’ami Spielberg ne soit pas dans le top. Il a en effet pas mal d’autres succès pas très loin derrière. Il est connu comme étant le roi de l’entertainment. Le film, c’est donc une fournée d’Oscars (j’en ai parlé un peu plus haut de ça), trois très bons acteurs que sont Liam Neeson, Ben Kingsley et surtout Ralph Fiennes, et trois heures dans le quotidien de la 2nde Guerre Mondiale. Mais je ne peux pas vous parler de ce film sans vous parler de la polémique autour de celui-ci. Certains intellectuels (ce mot n’est pas une insulte) reprochent au film plusieurs choses, dont notamment l’utilisation du pathos dans le film. En effet, la qualité principale du film est de vous faire tirer les larmes et de vous filer le bourdon. Ce qui est reproché (par Kubrick par exemple), c’est le détour du sujet. Pire encore, ce sont les effets d’émotion qui déforment la réalité des camps, comme par exemple la fameuse scène de la douche. Je vous la décris [Spoil, surlignez pour voir] on suit un groupe de Juifs aller dans les chambre à gaz. Ils pleurent de peur, la tension monte, et finalement, c’est de l’eau qui sort des tuyaux. Gros soulagement pour les prisonniers et pour le spectateur. On peut se demander quelle pertinence il y a à manipuler ainsi le spectateur pour qu’il soit content du sort des personnages dans une telle situation et dans un événement qui apparaît bien exceptionnel. [Fin du Spoil]. En bref, un film à voir, mais n’hésitez pas à garder en tête ces paradoxes lors de votre prochaine vision du film.
#3 Django Unchained de Quentin Tarantino (2012)
4,6/5 sur 44 481 votes.
(44% de 5 étoiles, 10613 fans, 4,6/5 pour la presse)
Avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo Dicaprio, Kerry Washington, Samuel L. Jackson.
Sorti aux Etats-Unis le 25 décembre 2012 et en France le 16 janvier 2013.
Il remporte l’Oscar du meilleur scénario original et l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Christoph Waltz.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : Pulp Fiction (1994) est 8e avec 4,5/5, Reservoir Dogs (1992) est 64e avec 4,3/5, Inglourious Basterds (2009) est 131e avec 4,3/5.
Moins de la moitié des votants ont accordé 5 étoiles à ce film. La question de pourquoi et comment ce film arrive en troisième position de ce classement est légitime.
Django Unchained sorti en 2012, à ne pas confondre avec Django de Sergio Corbucci, est réalisé par Quentin Tarantino, le papa de Pulp Fiction et de Kill Bill. L’histoire raconte comment un chasseur de primes allemand et un homme noir vont s’associer, pour retrouver la femme de ce dernier retenue en esclavage par le propriétaire d’une plantation.
Django Unchained est la première incursion totale de Tarantino dans le monde du western. Alors que Kill Bill volume 2 et Boulevard de la Mort comportaient déjà des influences du genre, c’est avec Django Unchained que QT franchit le pas et signe son premier western (bientôt suivi par Les 8 Salopards). Mais son long-métrage n’est pas un western ordinaire. Le metteur en scène s’inspire de ses prédécesseurs, de Sergio Leone ou de Corbucci tout en insufflant son propre univers. Django Unchained apparaît donc comme un film symbiote qui mélange les genres. Film d’action, western, comédie, drame, Tarantino joue avec les connaissances de son spectateur pour lui créer un ascenseur émotionnel constant. Déversant une violence décomplexée où l’hémoglobine fuse à l’excès, présentant des personnages hauts en couleurs et très drôles à l’image de l’interprétation de Samuel L Jackson hilarante, mettant en scène des situations absurdes comme la courte intervention de Jonah Hill sur cette étrange affaire de masques, il n’empêche que QT n’omet pas une dimension historique dramatique pour souligner les années de tortures subies par le peuple africain soumis à l’esclavage. Ce qui lui attirera d’ailleurs la foudre de Spike Lee, critiquant sa violence déraisonnée. Django Unchained s’exprime également à travers un mixage sonore inédit et inattendu. C’est la première fois que le spectateur est confronté à du 2Pac dans un western. Une situation sur laquelle Ennio Moricone, compositeur légendaire, est revenu, critiquant les choix musicaux de Quentin Tarantino.
En bref, Django Unchained est un film jouissif et fun, divertissant au possible grâce à de constants rebondissements. Son casting de premier ordre donne une autre dimension aux personnages écrits par l’artiste, à l’image de Leonardo DiCaprio qui avait fait grande impression dans son rôle de propriétaire de plantation. Sans être la meilleure œuvre de Quentin Tarantino, Django Unchained s’inscrit dans les meilleures réalisations du cinéaste atypique. Mais de là à placer le long métrage à la troisième place du top devant des œuvres emblématiques telles que 12 Hommes en Colère, La Liste de Schindler ou encore Pulp Fiction, cela ne semble pas justifié. Django Unchained, bien que terriblement jubilatoire, n’a pas la profondeur textuelle, l’analyse poussive d’un long métrage comme La Liste de Schindler. Il n’a pas non plus la profondeur critique, ni l’analyse subtile des tensions raciales de Gran Torino, il n’a pas non plus le statut de film culte comme Le Parrain ou Pulp Fiction. Une troisième place volée à des longs métrages plus méritants.
#2 La Ligne Verte de Frank Darabont (1999)
4,6/5 sur 64 509 votes
(65% de 5 étoiles, 7791 fans, 2,8/5 pour la presse)
Avec Tom Hanks, Michael C. Duncan.
Le film sort aux Etats-Unis le 10 décembre 1999 et en France le 1er mars 2000
Du même réalisateur dans le Top Allociné : Les Evadés (1994) est 12e avec 4,5/5.
Malgré une bonne note globale, le film ne satisfait totalement que 65% des votants, tout en étant décevant pour la presse qui ne lui accorde qu’un peu plus de la moitié de la note.
Difficile d’oublier un film d’une telle envergure. Confirmant le talent de Frank Darabont pour filmer les prisons et leurs habitants (qu’ils soient pensionnaires ou gardiens), La Ligne Verte fait partie de ces œuvres devenues intemporelles tant son histoire est touchante.
Tantôt cynique, tantôt émouvante, la maestria avec laquelle Darabont nous promène d’une émotion à une autre nous permet de ne pas décrocher un instant du film, tout en nous laissant nous attacher aux nombreux personnages. Et il faut le souligner : ne pas faire décrocher le spectateur malgré 3h09 de film est une prouesse de réalisation. Celle-ci prend le temps de se poser et de nous présenter les enjeux, tout en nous fournissant suffisamment d’éléments pour ne pas tomber dans la surexposition inutile.
Mais au-delà de l’histoire en elle-même et de la réalisation soignée, la force du film réside dans les performances magistrales de chacun des acteurs. Avec en tête d’affiche un Tom Hanks au sommet de sa forme et un Michael Clarke Duncan fraîchement découvert, nous sommes servis par des dialogues aux petits oignons et une complicité rare entre les différents personnages. A ces deux géants (au sens propre comme au figuré) viennent s’ajouter des seconds rôles tous aussi maîtrisés par leurs interprètes, venant donner un cachet supplémentaire à l’histoire.
Si un défaut devait cependant être trouvé à La Ligne Verte, cela serait probablement concernant certains des rôles secondaires. Bien que magnifiquement interprétés, certains personnages secondaires auraient peut-être mérités d’être un petit peu moins caricaturaux, afin de leur donner toute la subtilité que nous retrouvons dans beaucoup de personnages et notamment celui d’Edgecombe.
Au final, il y aurait beaucoup à dire sur La Ligne Verte. La plupart des spectateurs vous en feront l’éloge, quelques-uns vous en diront du mal. Mais que vous ayez aimé le film ou pas, que vous soyez touchés par son histoire ou non, il est indéniable qu’il s’agit d’une œuvre à voir impérativement, tant celle-ci est devenue culte aussi bien pour les cinéphiles que pour le grand public. Je ne vous en dis donc pas plus et vous laisse le découvrir au plus vite en séance de rattrapage.
#1 Forrest Gump de Robert Zemeckis (1994)
4,6/5 sur 68 622 votes.
(73% de 5 étoiles, 8904 fans, 2,6/5 pour la presse)
Avec Tom Hanks, Gary Sinise, Robin Wright
Sorti aux Etats-Unis le 6 juillet 1994 et en France le 5 octobre 1994.
Il remporte 6 Oscars : celui du meilleur film, mais aussi celui du meilleur réalisateur, meilleure adaptation, meilleur acteur pour Tom Hanks, meilleur montage et meilleurs effets visuels.
Du même réalisateur dans le Top Allociné : Retour vers le Futur (1985) est 47e avec 4,4/5, Retour vers le Futur II (1989) est 166e avec 4,2/5.
Aussi populaire que La Ligne Verte avec le même Tom Hanks, le film est lui aussi éreinté par la presse, en obtenant même une moins bonne note. On constate dans le haut de ce classement deux films qui ne sont pas autant appréciés par le public que par la critique.
Forrest Gump, c’est le film que (presque) tout le monde connait et a déjà vu plusieurs fois. Adapté du roman de Winston Groom, c’est une description de l’histoire et de la culture des Etats-Unis entre les années 50 et les années 80 à travers l’histoire de Forrest, un jeune homme au grand cœur, juste un peu différent et c’est ce qui le rend attachant. Le fait qu’il se pose des questions personnelles, invite le spectateur à accéder à ses sentiments mais aussi à s’immerger dans son monde.
Malgré lui, Forrest suscite l’hilarité et n’est pas pris au sérieux par les personnes qu’il rencontre. Sa détermination à se battre pour ce en quoi il croît est sûrement un des facteurs pour lesquels nous le retrouvons dans ce classement.
Forrest Gump, c’est une palette de sentiments où l’on peut passer du rire aux larmes, notamment par ses réactions lors de ses retrouvailles avec Jodie, son amour de jeunesse, ou face à la mort de sa mère. L’immersion dans sa vie, à travers son handicap mais aussi les épreuves qu’il traverse depuis son enfance, permettent à ce film aux 6 Oscars de sensibiliser le public. Celui-ci ressent de l’empathie ou au contraire rejette Forrest. Et c’est justement ça qui fait son succès : c’est le fait que le spectateur ne soit pas indifférent à ce type de film où le héros l’est malgré lui.
L’intention du réalisateur est louable mais la succession de dialogues parfois élémentaires, contribuent à alourdir le film et donc de le rendre parfois lent. Cependant, la simplicité de Forrest et le décor de l’Alabama en Caroline du Sud des années 50, laissent place à l’histoire pour se dérouler sans interférences visuelles.
Mérite-t-il sa place dans le top 10 ? Sûrement. La première ? Cela reste à débattre.
Et vous, votre avis sur ce top ?
Ont participé à cet aricle : LBB, Louis Verdoux, Damien Santurde, Florian, Lucas Renaudot, Mistico, Too’N, Aubin, Robin Uzan et Sarah. Sous la coordination d’Alexandre Léaud.