The Keepers est une série américaine produite par Netflix. Cette série documentaire de Ryan White raconte à la manière de Making a Murderer l’histoire non élucidée du meurtre de Cathy Cesnik une jeune religieuse, tuée 50 ans plus tôt.
Deux anciennes camarades de classe, Gemma Hoskins et Abbie Schaub décident de présenter et de continuer l’enquête non terminée du meurtre de Soeur Cathy. A sa mort, cette jeune nonne de 26 ans était leur enseignante d’anglais lorsqu’elles étaient dans l’établissement Keough High School dans la ville de Baltimore.
Gemma et Abbie vont s’entourer de journalistes et d’enquêteurs pour rencontrer les suspects et témoins présumés de l’affaire.
The Keepers présente des personnages très touchants. Les véritables témoins décrivent ce qu’il s’est passé pour eux. En particulier Jean Hargrove qui témoigne des sévices sexuels qu’elle a subit lorsqu’elle était plus jeune et qui l’ont détruit. Les séquences de reconstitutions avec des acteurs sont très prenantes. Elles créent réellement un sentiment d’angoisse et d’horreur par moment.
En effet, dans la série, il y a une volonté de faire en sorte que la honte se retourne vers les agresseurs et non les victimes. Le syndrome de culpabilisation induite par les agresseurs nous montrent ce qu’est un pervers narcissique. L’agresseur principal, Joseph Maskell, se servait de la souffrance et des failles de ses victimes pour les blesser encore plus. On observe aussi dans la série le reflet de l’expression l’union fait la force. Effectivement, les victimes entre elles se soutiennent et permettent de faire évoluer l’enquête
The Keepers raconte également la volonté des personnages de faire évoluer les lois notamment pour protéger les victimes. Avec l’aide de ses lois, les agresseurs serait plus punis. Il y a une véritable envie qui découle d’un besoin des victimes de se sentir comprises et entendues. La série défend beaucoup ce point de vue, que ce soit durant les séquences au tribunal pour changer la loi mais aussi durant les interviews des victimes.
La série souhaite faire bouger les choses au sein de la police. Elle souligne nombre d’incohérences et de laxisme durant cette enquête. On se demande même parfois si elle n’a pas été corrompue par un tiers. Dans cette série, on définit de la répression des émotions. Ce mécanisme mental permet au cerveau des victimes de se protéger des événements traumatiques vécus. Il les protègent mais empêche les enquêteurs de faire leur travail correctement car les souvenirs ne reviennent pas toujours en entier rapidement en temps voulu.
The Keepers met en évidence l’autorité masculine et utilisation de la religion pour faire taire les victimes. C’est très violent car ce sont les témoignages bruts des victimes. La série ne s’adresse pas forcément au public fragile car l’empathie envers les victimes se fait très rapidement et on se sent vite désemparés face à ces agresseurs.
La musique est utilisée à bon escient. Elle accompagne le spectateur comme un personnage rassurant ou non en fonction des séquences. Elle est très prenante à tel point qu’on a l’impression que The Keepers est un long film. On se demande parfois si les personnes qui témoignent sont les vraies personnes ou si ce sont des comédiens.
La série est extrêmement bien rythmée. En effet, même si les épisodes peuvent faire peur par leur longueur, les avancées de l’enquête nous accrochent dès le début. On accompagne réellement ces deux grand-mères attachantes que sont Gemma et Abbie au fur et à mesure de leurs découvertes.
Même si The Keepers ne répond pas à toutes nos questions, elle permet de briser le tabou de la violence et du viol pédophile.