Alliés, le nouveau film de Robert Zemeckis (Retour vers le futur, Forrest Gump), porté par Brad Pitt et Marion Cotillard est sorti ce mercredi. Le long métrage raconte la rencontre et la romance entre un soldat anglais et une supposée espionne française pendant la seconde guerre mondiale.
Une romance chique et efficace :
Alliés repose en tous points sur ses deux interprètes, et accessoirement sur ses personnages. Brad Pitt demeure fidèle à lui-même, quoique légèrement détaché, en manque de punch et d’investissement, surprenant toutefois le public français en tentant de parler la langue de Victor Hugo. Avec un accent prononcé, il parvient à créer l’alchimie avec Marion Cotillard, étonnement très convaincante, jouant avec un ton juste et parvenant à déverser les émotions requises. S’écrit alors une romance chique, qui parvient relativement à esquiver les clichés et évite de tomber dans le pathos, trouvant sa quintessence dans une scène de sexe en pleine tempête de sable puissante et tout en subtilité. Une romance qui se justifie par sa contradiction avec l’environnement très oppressant qui entoure les protagonistes, environnement de seconde guerre mondiale violente et meurtrière. On décèle ici une manière d’opposer la puissance de l’amour à la désolation de ce conflit mondial, matérialisée notamment par une scène d’accouchement théâtrale, venant argumenter cette opposition et cette conception de l’amour plus fort que tout. Pour autant, Zemeckis va détruire ce cliché et affirmer que parfois l’amour ne suffit pas à évincer les problèmes, avec un final brillant, triste et touchant. Le ressort émotionnel est parfaitement maîtrisé et la conclusion choquante, seule fin logique et inévitable. Zemeckis parvient à atteindre le pique de son long métrage à sa toute fin, grâce à une conclusion parfaitement ordonnée.
Un film d’action ?
Alliés ne s’apparente pas réellement à un film d’action, malgré ses quelques séquences musclées. Les rares scènes d’action sont d’une violence crue, très vives et réalisées avec beaucoup de rythme. Suffisamment rares pour être extrêmement passionnantes, elles découpent un long métrage qui se serait avéré long et redondant sans ces petits shoots vitaminés. Brad Pitt, dégageant sa classe habituelle, parvient à construire son personnage d’espion, et on se dit que, peut-être, la star de Mr and Mrs Smith aurait pu incarner un sympathique James Bond. Zemeckis offre quelques twists inattendus et pertinents, très efficaces et gardant le spectateur constamment en alerte, en insufflant une paranoïa qui prend tout son sens à travers la relation du couple. Le spectateur doute avec le personnage de Pitt, se demandant qui a raison, cherchant à démêler le vrai du faux malgré une constante manipulation. Quant aux scènes d’espionnage elles s’avèrent crédibles. Pour autant Alliés n’est pas dénué de tout défaut.
L’académisme d’Alliés en fait-il un film fade ?
Les détracteurs du long métrage mettront en avant son académisme proéminent et parfois, son manque de crédibilité. Beaucoup ont dit que personne ne croyait à cette histoire, qu’elle ne parvenait pas à paraître réelle, notamment à cause d’une image parfois très synthétisée. Les effets spéciaux sonnent faux et donnent une dimension de superficialité au long métrage. S’ajoute la présence de deux grandes stars du cinéma, qui ne donnent pas toujours l’impression d’être investies, et quelques dialogues un peu fades. Alliés peut donc passer pour un mauvais film. Certaines réactions des personnages, certains dialogues bâclés et les quelques facilités scénaristiques ne vont pas en faveurs de la crédibilité du film, qui, parfois, s’avère vide et illusoire. Alliés reste pour autant un divertissement, certes calibré, mais peu original ; la technique irréprochable de Robert Zemeckis y est pour beaucoup.
Alliés, qui n’existe que par le duo d’acteurs, est un film efficace, à défaut d’être franchement original.