Le Batofar summer 2015, c’est parti ! Parmi les différentes soirées prévues, le concert de Woods avait lieu ce mercredi. Jour le plus chaud en cette période depuis 70 ans, le thermomètre frolait les 40 degrés à l’ombre. « Mais c’est sur un bateau, en plein air » me diriez-vous, pas vraiment, c’était dans la salle de concert située… à l’intérieur. Sur la page Facebook de l’évènement, les bières distribuées gratuitement étaient réclamées, mais même payantes, il n’y en avait plus, ou alors pas fraiches du tout. En entrant dans la salle pour écouter la première partie Bel Plaine, on entendait le vrombissement des clims, nous rassurant sur les dispositions prises pour les conditions de ce concert. Compte rendu.
Bel Plaine, donc, un duo français composé d’Antoine Blond et de Morgan Renault, et dont la prestation acoustique de ce soir donne une agréable impression de poésie musicale, à la maitrise et à l’aisance remarquables. Profiter de la vie et accepter ses travers doux-amer sont les maitres-mots de ces caractères enjoués : on a envie d’en savoir plus sur leur univers, car les courtes minutes de cette 1ère partie nous ont laissé sur notre faim. Rendez-vous ici pour les écouter.
Une fois les bières bues (finalement fraiches lorsqu’elles sont en pression), Woods s’installe et le petit public commence à affluer dans ce gouffre sombre, preuve que les 40 degrés n’affolent pas les amateurs de ce petit groupe américain venant de Brooklyn. Composé de Jeremy Earl, Jarvis Taveniere, Aaron Neveu, John Andrews et Chuck Van Dyck ils sont actifs depuis 10 ans et auteurs d’albums tournant autour du folk et friand de mélodies pop sucrées. Le chanteur Kevin Morby, un talent lumineux de la folk actuel, les rejoint de temps en temps sur scène. Un air de Grandaddy, en moins mélancolique, des virées instrumentales à rallonge que les Dandy Warhols auraient volontiers chipé dans leurs parties expérimentales, une voix oscillant entre la fragilité d’Elliot Smith et l’euphorie des Beach Boys. Ce cocktail détonnant s’impose notamment à l’écoute de « With Light and With Love » sorti l’année dernière, contenant des titres atteignant la classe des plus grands sus-cités.
Entamant son show, l’air assuré, se coordonnant entre eux et très attentifs : le manque de chaleur apparent sur leurs visages s’explique par celle de la salle, suffocante et pénible surtout pour les musiciens. C’est pour mieux servir un public d’initiés, et lorsque le groupe entame leur tubesque « Shining« , c’est quasiment la liesse qui prend parmi les fans, relativement jeunes, des étudiantes erasmus se trémoussant joyeusement, mais aussi des vieux routards, nostalgiques lorsque ces compos sonnent assez 60’s.
Ce qu’on découvre, et qui n’est pas forcément évident à l’écoute de l’album, est leur propension à s’envoler assez loin dans des terres instrumentales de grande facture, avec des parties laissant libre court à leur éventail créatif. Certains peuvent être déroutés de ces longues pauses, mais c’était sans compter sur des redémarrages en plus grande trombe, que ce soit sur « Moving To The Left« , « Leaves Like Glass« , ou le très Beatlesien « Full Moon« . Ces morceaux chantés sont très fidèles aux enregistrements studio et très appliqués, on regrette même pas l’absence d’écart d’interprétation sur scène, tant ces titres sonnent immanquablement comme des classiques immédiats. Ce genre de morceaux qu’on aurait juré avoir entendu dans la BO d’un biopic hollywoodien sur une star du rock 60’s. Ecoutez-les et suivez-les, ils méritent beaucoup plus de reconnaissance que cela.
Jouant le jeu du concert à la durée honorable, devenant presque admirable sous cette température, Woods passe cette étape parisienne avec maestria, et on jure des prestations au moins équivalentes lors de la suite de leur tournée européenne. Voici pour vous convaincre un extrait de leur tube « Shining » joué ce soir-là :
Ils passent par Lyon et Lille, respectivement les 9 et 10 juillet prochains.