Trois semaines après sa sortie officielle dans les salles françaises, 「 Kimi no na wa 」continue de faire parler de lui. La passion dévoilée par le nouveau chef d’oeuvre de Shinkai Makoto ne désenflamme pas. Embarquez avec nous pour un voyage aux confins du temps et de l’espace. Où tout semble si beau et si fragile.
Au Japon comme dans le monde, 「 Kimi no na wa 」 fait couler encre et larmes. A ce jour, le film d’animation de Shinkai Makoto vient de détrôner sur le classement international le film des studio Ghibli「 Sen to Chihiro no kamikakushi 」, plus connu sous le nom « Le Voyage de Chihiro ». A l’époque, le film « Le Voyage de Chihiro » avait engendré 275 millions de dollars de recettes, contre 281 millions pour 「 Kimi no na wa 」. Au Japon, le film des studios Ghibli conserve un peu d’avance (revoir les anciens chiffres). Mais actuellement, 「 Kimi no na wa 」 se classe de manière remarquable : 2ème plus grand film d’animation au Japon, mais aussi 2ème film japonais à avoir engendré autant de recettes. Sans oublier que c’est le 4ème film le plus lucratif de tous les temps au Japon (source : ANN). Et côté hexagone, le film diffusé par Eurozoom et @ANIME fait également carton plein avec plus de 175.000 entrées et plus d’un million d’euros de recettes !
「 Kimi no na wa 」
Titre original : Kimi no na wa – 君の名は
Titre alternatif : Your Name
Genre : Fantastique, drame, romance, tranche de vie
Type : film d’animation
Année : 2016
Durée : 1h46
Date de sortie japonaise : 26 août 2016
Date de sortie française : 28 décembre 2016
Distribution : @ANIME, EUROZOOM
Studio : ComiX Wave Films
Scénariste, directeur : Shinkai Makoto
Bande musicale : RADWIMPS
Synopsis
Mitsuha est une lycéen vivant dans un village reculé dans les montagnes avec sa petite soeur, sa grand-mère et son père, souvent absent. Fille du maire de la ville et soumise à de nombreuses pressions, elle rêve de changer de vie et de pouvoir vivre à Tokyo.
Taki est un lycéen tokyoïte bagarreur, mais qui a une passion pour l’architecture et les arts. Nombreux sont les dessins qui tapissent les murs de sa chambre. Il travaille certains soirs comme serveur dans un restaurant italien.
Mais un jour, Taki fait un rêve des plus étranges… Il se réveille dans la peau d’une lycéenne vivant dans un village reculé. Peu à peu, ils découvrent que certaines nuits, ils échangent de corps jusqu’à la nuit suivante. Un échange qui bouleversera à jamais leur vie actuelle, mais aussi leur vie future… Un sombre secret qu’il leur faudra percer pour pouvoir continuer à vivre normalement !
Avis contenant de nombreux détails du film. A lire à vos risques et périls.
Tresse aux fils rouges et rêves entrelacés…
Cette histoire nous conte la vie de deux jeunes personnes, vivant aux antipodes l’une de l’autre. Mitsuha est née dans un village reculé dans les montagnes, et elle ne l’a jamais quitté. Vivant avec sa grand-mère maternelle, sa petite sœur et un père absent, elle rêve d’ailleurs. Taki est quant à lui, un jeune lycéen de Tokyo, travaillant après les cours, sortant avec sa bande d’amis. Ses esquisses et dessins traduisent sa passion pour l’architecture.
Mais un beau jour, Taki a la surprise de se réveiller dans un corps inconnu, qui plus est… Un corps de fille ! Un échange de corps, qui certains soirs, leur permet de prendre la place de l’autre le temps d’une journée. Aussi inexplicable qu’étrange, Taki et Mitsuha vont bien devoir s’y faire et vivre tel que l’autre le veut. Après quelques échanges soudains, la pendule se met en route et les rouages s’entrechoquent. Chacun s’habitue, l’étonnement se tarit. Les portables ne vont pas tarder à se remplir de messages tels des journaux intimes, mais aussi de règles et de limites à ne pas franchir. Car vivre dans la peau d’un autre, en ne connaissant rien de sa vie et de ses habitudes est déroutant et les faux pas sont faciles à faire. Quand une fille habite le corps d’un garçon de son âge et qu’au lycée, elle parle avec le pronom « atashi » (équivalent du « moi » féminin), il y a de quoi surprendre ! Et on prend même plaisir à réviser son japonais et prévoyant les prochains mots que Mitsuha testera : Watashi ? Boku ? Ore ? Une parenthèse faite tout en rythme et en gag ! C’est cet échange de corps qui sert de fil conducteur tout au long du film. Un phénomène qui s’installe et s’immisce rapidement en chaque personne visionnant le film, le rendant spectateur de ces échanges intermittents et de leur évolution mutuelle. Le tout en un rythme entrelacé et dynamique, qui ne laisse à personne le temps de s’ennuyer et qui nous immerge dans diverses émotions, tout comme notre duo…
Un fil du destin ô combien facétieux
Comme dans 「 Byousoku go Senchimetoru 」 ou « Garden of Words », Shinkai Makoto ne déroge pas à ses principes avec son film d’animation 「 Kimi no na wa 」. Le principal thème évoqué, à travers ces échanges de corps, reste la distance. Les rêves et les échanges ne sont qu’un prétexte pour réunir deux destins qui ne se seraient, peut-être, jamais croisés. Un prétexte qui tient néanmoins dans ses mains le poids du scénario du film. Qui se révélera finalement un peu plus compliqué que ce qui était annoncé… pour notre plus grand plaisir ! Au delà de ces échanges de corps, on découvre comment le destin d’une personne peut être chamboulée en faisant entrer une nouvelle personne dans son quotidien. Comment le fil du destin se joue de deux lycéens dans la fleur de l’âge, qui finiront par voir naître des sentiments réciproques en leur cœurs… Sentiments qu’il sera difficile d’exprimer et de réaliser.
Comment le fil du destin se joue de deux lycéens dans la fleur de l’âge…
Certains trouveront que le film s’axe trop sur ce penchant « romantique ». Mais j’ai trouvé personnellement le tout très bien dosé. Ces deux personnes se cherchent à mon sens, surtout parce qu’il y a un vide dans leur cœur. Pas pour leur sentiment premier. 「 Kimi no na wa 」 est pour moi un film où le destin joue, tricote, fait et défait des nœuds dans la vie de deux personnes étroitement liées par les rêves. Ce n’est pas un film romantique. Il est même extrêmement dramatique quand on y repense. Et nombreux sont ceux qui l’ont vu, a avoir laissé couler quelques larmes chaudes sur leurs joues rosies par l’émotion. Ne vous en cachez pas, je vous ai vu !
Néanmoins, malgré un scénario de base aux apparences plutôt simples, 「 Kimi no na wa 」 arrivera à torturer votre esprit quelques secondes, rendant l’histoire encore plus décalée qu’elle ne l’était. Avec un tout petit quelque chose qui rend le film encore plus beau, plus soigné. Et si, vraiment il fallait trouver au film un point noir… J’aurais vraiment apprécié une vingtaine de minutes supplémentaires. On ne voit pas le temps s’écouler, les évènements s’enchaînent et déjà, le générique de fin défile. Mais il est vrai que certains éléments auraient pu être développé juste un peu plus, pour le plaisir du spectateur. Toutefois… A mes yeux, ce n’est même pas un défaut. Juste un petit plus qui aurait été le bienvenu mais qui n’enlève rien à la splendeur du film.
Voyage majestueux entre ciel et terre
Avec de pareils noms à l’affiche, le voyage pour nos yeux ne peut être que sublime. Tokyo, parée de somptueux détails, donne mystérieusement envie de la découvrir dans tous ses recoins. On apprécie les tableaux verts et bleus des montagnes habillant le lac et le village de Itomori. On adore découvrir les scènes de nuit, brillantes de mille feux. Et nos yeux, jamais ne se lassent, de voir danser la comète dans les cieux. Un tableau d’un drapé sombre, dans lequel se dessine avec entrain et couleurs, un tracé mystérieux que nos yeux émerveillés ne peuvent plus quitter. A chaque pas, chaque nouvelle scène qui se dessine, un frisson de plaisir envahit la colonne vertébrale. Peut-être même qu’une bouffée d’émotion viendra vous prendre à la gorge… Le ciel, de jour comme de nuit, est un lien essentiel. A côté de ces paysages grandioses, les protagonistes évoluent sur la toile peinte par Shinkai Makoto avec légèreté, et surtout simplicité. Les personnages sont peu détaillés, mais leur expressions et leur émotions sont parfaitement transcrites dans la gestuelle et la voix. Il est donc aisé pour le public de s’identifier aux deux personnages principaux, et de s’immerger plus facilement dans leur vie.
Le jour où les étoiles… sont tombées du ciel.
Comix Wave Films nous livre là un trésor de l’animation japonaise, nous prouvant une fois de plus que de grands noms comme Mamoru Hosoda ou Shinkai Makoto peuvent nous émerveiller tout autant, sinon plus que les productions des Studio Ghibli et le mythique Miyazaki à mon goût. Car ce petit détail qui change tout dans ce genre de film, c’est l’empreinte dans la vie quotidienne. Si vous avez voyagé au Japon, vous pourrez très facilement reconnaître le Lumine 2 de la gare de Shinjuku, les trains de la Yamanote et de la Chuo Line ou encore la Tokyo Tower. Et si vos souvenirs ne vous font pas faux bonds, vous serez émerveillés de retrouver ces lieux où vous avez posé vos pieds avec un réalisme aussi subtil. Mais également avec cette petite touche de magie propre à Shinkai Makoto, qui a ce don de rendre n’importe quel paysage poétique… Le tout en créant un certain photoréalisme. Et si vous n’avez jamais mis les pieds au Japon… Je suis certaine que les photographies de ce film auront su éveiller en vous des envies d’évasion et de voyage…
Quand les sentiments virevoltent sous les accords
Tout au long du film, les sentiments et les émotions virevoltent, papillonnent et s’entremêlent pour encore mieux faire vibrer notre corde sensible. Relation amicale, amoureuse, professionnelles, familiales… Eclat de voix, anxiété, rires, pleurs, accès de colère, peur, joie, inquiétude… Autant d’émotions qui tôt ou tard, envahiront les personnages. Mais vous connaissez Shinkai Makoto. Il ne saurait vous laisser ressortir indemne de l’un de ses films… Alors tôt ou tard, ses sentiments aussi, vous envahiront et glisseront en vous. Vos yeux et vos oreilles en sont les vecteurs, et votre corps le récepteur. Vos poils se hérisseront sur vos bras lorsque vos yeux découvriront un paysage à couper le souffle. Un long frisson viendra vous chatouiller l’échine lorsque vos oreilles entendront les premières notes du thème « Sparkle », tandis que votre gorge se serrera. Ou que votre bouche laissera échapper un sourire en coin, triste ou joyeux. Attention, la vidéo officielle qui suit dévoile beaucoup d’éléments du film. A regarder à vos risques et périls !
RADWIMPS, en tête des charts japonais depuis le mois d’août, a composé la bande son intégrale de「 Kimi no na wa 」. Nos oreilles frissonnent de plaisir en entendant les premières paroles de « Nan demo nai ya ». Notre tête et nos pieds oscillent malgré nous et battent la mesure de la chanson du générique « Zen zen zense » tandis que le rythme entraînant de « Yumetourou » envahit nos oreilles. Côté OST, c’est un sans faute ! Les titres de RADWIMPS collent parfaitement à l’ambiance de Shinkai Makoto et font parti intégrante du film. Sans eux,「 Kimi no na wa 」n’aurait pas tout à fait la même saveur… Nous n’oublions pas non plus la beauté et l’émotivité du doublage japonais, qui joue pour beaucoup sur nos émotions et la crédibilité du film. Je ne peux malheureusement pas parler du doublage français, n’ayant vu que la version VOSTFR. Si vous l’avez vu en VF, n’hésitez pas à nous donner votre avis !
En bref, s’il y a bien un film d’animation que vous devriez voir en ce début d’année (si ce n’est pas déjà fait), c’est bien celui-ci !「 Kimi no na wa 」promet de laisser une empreinte mémorable dans le monde de l’animation. Un film qui nous aura fait rêver et qui aura surtout, fait vibrer notre coeur.
Il me reste toutefois une question sur les lèvres… A quand une sortie DVD/Blu-Ray que l’on puisse rêver du canapé ?!
https://www.youtube.com/watch?v=cCFsy2AKno8
Images fournies par @ANIME