Le JRPG continue de fasciner, notamment en France qui est tout de même 2ème pays consommateur de manga au monde (après le Japon, forcément). Naturellement, un bon nombre d’influences japonaises sont restées, et ce depuis les années 80-90. Les studios s’essayant au JRPG à la française sont de plus en plus courants et c’est le cas d’Enigami, studio français qui propose Shiness : The Lightning Kingdom, JRPG à la française édité chez Focus Home Interactive. Le projet était plus que tentant puisqu’il proposait d’allier un jeu de rôle avec des mécanismes de jeu de combat en versus (tiré de manga, bien entendu). Est-ce que la sauce soja prend bien ? Notre réponse tout de suite.
Shiness : un style enchanteur !
Ce qui frappe premièrement en lançant Shiness : The Lightning Kingdom, c’est le style dessin animé typé Cel Shading qui s’impose magnifiquement bien. Les environnements sont très colorés et variés, mais le design des personnages saute aux yeux comme un des plus jolis que nous ayons pu voir sur des projets indépendants. Pour ne rien gâcher, les thèmes musicaux sont bien variés et restent facilement en tête. On y reconnaît certaines influences non déplaisantes selon l’environnement auquel les musiques sont liées (oriental, féerique, ect). Ces différentes influences sont assez remarquables, tout comme les inspirations vidéoludiques qui semblent avoir nourri Enigami.
Des influences marquées !
On retrouve également l’influence appuyée de jeux de combat adaptés de manga (Dragon Ball Z ou encore Naruto). Le système de combat propose des affrontements 1 contre 1. Si un ennemi est vaincu, un autre arrive, mais il peut y avoir aussi un passage de relais avec vos différents personnages. A noter qu’ils ont tous un style de combat différent, mais aussi une affinité élémentaire unique. Vous pourrez donc utiliser des techniques magiques apprises par le biais de rouleaux équipés, une technique étant définitivement acquise lorsque vous l’aurez utilisée un certain temps. Le combat rapproché ajoute une certaine dynamique avec ses gardes, ses esquives mais aussi ses contres qui peuvent s’activer en utilisant la jauge hyper. La rapidité d’action pourra parfois être dangereuse. Vous pourrez avoir vite fait de vous faire enchaîner sans pouvoir réagir.
Un action aventure ?
Shiness : The Lightning Kingdom est supposé être un action RPG. Cela dit, les zones fermées font presque office de niveaux à traverser. Chaque personnage possède un pouvoir qui permettra d’influer sur l’environnement. Par exemple, Chado, le protagoniste principal, peut invoquer des sortes de menhirs et les placer à terre sur des interrupteurs. Ensuite, Kayenne pourra les déplacer grâce à son pouvoir de télékinésie. Bien que pas nécessairement compliquées, les énigmes apportent un côté plaisant de recherche. Cela enlève fortement le côté « couloir » qui aurait pu être fortement pénalisant pour le titre. Heureusement, les zones deviennent plus ouvertes à partir de l’acte 2. Le côté exploration est renforcé par un level design qui permet de chercher des chemins annexes (ou cachés) pour des éventuels coffres. Vous pourrez aussi chasser la faune pour collectionner des objets qui s’échangent contre d’autres objets utiles (comme du stuff) auprès des marchands. Si vous ajoutez à cela des quêtes secondaires (un peu classiques hélas) et des contrats de chasse aux boss et vous obtenez un Action Rpg qui prend de grands airs d’action aventure, non sans rappeler des titres phares comme Zelda ou encore Beyond Good and Evil.
Un problème de finitions flagrant !
Malgré le côté extrêmement sympathique qui se dégage de Shiness : The Lightning Kingdom, on ne peut s’empêcher de remarquer un problème important de finitions qui se dégage sur pas mal d’aspects. Certains ne sont pas vraiment rédhibitoires, comme l’interface des menus un peu surchargée. En revanche, ça l’est bien plus en ce qui concerne certains bugs qui font sortir les monstres de la zone de combat, des textures au sol qui apparaissent à retardement, ou encore le personnage qui se retrouve bloqué après une cutscene (alors que le jeu n’a pas freezé). Le plus gros problème se résume au placement de la caméra pendant les combats. Assez folle, elle a tendance à se placer assez vite dans des angles où on ne peut plus rien voir, ce qui est embêtant, surtout avec le système de combat assez exigeant. Les puzzles / plateforme sont souvent maladroits. De plus, chez certains joueurs (moi y compris), un souci de son saturé et ralenti pénalise absolument toutes les cinématiques du jeu (celles découpées avec des cases comme un manga). Cela rend très difficile à suivre le scénario, qui n’est déjà pas passionnant à la base.
Un univers vite expédié
Vous commencez l’aventure avec deux wakis (sorte d’hommes bestioles) qui se crashent en aeronef dans une forêt. Chado, le personnage principal, est en quelque sorte habité par un esprit de la terre qui ressemble à … heu… une sorte d’étoile louche avec un visage. On passe ensuite de petit objectif en objectif, de niveau en niveau, un peu malgré nous. On suit le fil assez maigre qui se rattache à un univers qui nous assène plein de termes qui ont vite fait de nous perdre, faute à une introduction assez rapide. On comprend juste que l’équilibre des esprits élémentaires est clairement menacé. L’ambiance de Shiness : The Lightning Kingdom est relativement bonne et cohérente avec l’univers, mais le scénario en soi est relativement moyen.
Shiness : The Lightning Kingdom avait clairement le potentiel pour devenir un bon Rpg. Malheureusement, les problèmes trop nombreux le placent inévitablement dans la case des projets indés sympathiques, mais qui ne se hisseront pas au rang de références. Même si le jeu n’est pas parfait, on sent malgré tout la patte de passionnés qui ont mis tout leur cœur à l’ouvrage. L’ambiance, l’identité et la patte graphique du titre le rendent plaisant à suivre malgré ses défauts pesants. Le mélange des genres et des inspirations fonctionne bien, et il peut mériter votre attention, notamment si vous avez les mêmes inspirations que celles du studio Enigami !