Il y a des licences qui sont indémodables parmi elles, celle d’Elite (débutée en 1984). Reconnue comme une saga emblématique et innovante dans l’histoire des jeux vidéo pour son gameplay spatial et la liberté de ses choix, Elite revient avec un opus incontournable Elite Dangerous. Sorti depuis décembre 2014 sur PC, le jeu de simulation spatiale massivement multijoueur atterrit sur la xbox One le 6 octobre. Elite Dangerous offre une balade galactique dans laquelle chacun est maitre de son existence et de la façon dont il veut gagner sa vie. Qu’en est-il donc du passage de l’ordinateur à la console pour le bébé de Frontier Developments ? Céderez-vous à l’immersion galactique ou imploserez-vous dans les méandres de l’univers ? Eléments de réponse avec le test de notre rédaction.
Une simulation exigeante
N’est pas pilote d’un vaisseau qui veut ! Il faut dire que le jeu est intégralement en anglais, ce qui complexifie un système qui l’est déjà de base. La quantité de commandes à connaitre et les subtilités de gameplay ne sont pas accessibles en une heure de jeu, il faut beaucoup de pratiques. Si vous n’êtes pas réceptif à l’anglais et aux termes techniques, il serait mieux de vous faire assister dans votre découverte du jeu par quelqu’un qui a déjà joué à la version PC, entièrement en français. La plupart des touches associées à la manette ont divers rôles en les combinant, ainsi si vous restez appuyé sur A, cela vous donnera accès à un raccourci de touches qui ne sont pas directement accessibles. Il vous faudra donc des heures de pratique pour bien comprendre les subtilités du pilotage comme pour la vitesse « démesurée » (un terme qui lui va bien, notamment lorsque vous arrivez trop vite et que vous devez freiner en urgence. Il n’est pas rare de louper son rendez-vous. Il y a un petit parfum de Spaceballs dans l’air). De même, lorsque vous voulez docker dans une station, il faut savoir qu’il est nécessaire de demander une autorisation et ne pas docker ailleurs qu’à la place qui vous a été attribuée (sous peine de recevoir une amende).
Plus encore, la maitrise de l’interception risque de vous donner des sueurs froides. Lorsqu’un vaisseau lance une telle procédure, vous avez l’occasion de vous sauver en alignant votre curseur sur un rond en mouvement. Si vous y parvenez, votre vaisseau s’échappe avant d’être intercepté. Dans le cas contraire, vous êtes immobilisés et donc soumis au bon vouloir d’un vaisseau inconnu. Dans le moins pire des cas, il s’agira de forces fédérales simplement là pour analyser le contenu de votre soute. Dans le cas contraire, ce sont des pirates de l’espace, des criminels de renom ou simplement des gens mal intentionnés. Vous pourriez bien perdre l’intégralité de votre vaisseau et avec tout ce qu’il y a dedans. Il s’avère que depuis les derniers correctifs de Frontier, l’interception est quasiment devenue impraticable, ce qui veut dire que vous serez dans l’incapacité de vous échapper. C’est une phase de gameplay qui n’aurait pas dû être nerfée à ce point, surtout quand on sait qu’une fois votre vaisseau détruit, vous risquez de perdre des heures d’exploration spatiale. D’un point de vue fonctionnel, on se réjouira d’avoir une maniabilité instinctive pour tout ce qui est en rapport avec le récupérateur de cargaison, contrairement au clavier PC, il est plus facile de cibler et d’aligner son axe. La carte des systèmes est quant à elle pénible à gérer avec la manette : lorsque l’on veut changer de système, il n’est pas aisé d’arriver dessus avec le curseur. On notera aussi quelques bugs ici et là concernant le ciblage des astres et les sauts d’un système à un autre qui s’arrêtent parfois de façon inexpliquée. Mais ce sont des défauts pardonnables quand on est plongé dans la beauté de l’univers, où chaque astre offre une palette de couleurs incroyables, le tout servi par une musique discrète mais immersive. Les sensations sont réelles et plaisantes, les graphismes viennent renforcer la navigation dans l’espace, les bonds entre les systèmes font ressortir la sensation de vitesse et des changements spatiotemporels.
Décide de ton destin !
La particularité d’Elite Dangerous c’est de n’offrir aucune quête, aucune trame qu’il vous incombe de suivre. Vous pouvez jouer en solo connecté ou en multijoueurs selon vos envies. Vous êtes lâché dans l’espace avec un peu d’argent, et le vaisseau le plus basique qui soit. A partir de là, vous pouvez aller de station en station, observer le tableau de bord et prendre les missions que vous voulez. Certaines vous demanderont de récupérer des marchandises perdues dans l’espace, d’autres de liquider une cible, d’acheminer des données ou objets à une autre station, de faire un don ainsi de suite. Les icônes des missions définissent leur légalité ou leur illégalité. Il ne tient qu’à vous de franchir le cadre de la loi, mais à vos risques et périls. L’accès à chaque station donne lieu à un scan, en fonction des mœurs et de la loi locales, les stations ne sanctionneront pas toutes de la même façon votre façon de faire. Vous n’avez pas de niveau de personnage, mais des niveaux liés à vos activités : ainsi on trouve une barre liée au commerce, une pour le combat et une autre pour l’exploration. La dernière concernant les JcJ !
Il vous sera plus facile de trouver des missions en montant le ou les rangs de votre choix, sachant aussi que chaque station possède un système de réputation, plus vous êtes bien vu localement, mieux vous tirerez votre épingle du jeu. Vous l’aurez compris, Elite Dangerous vous laisse le choix de faire comme bon vous semble. Certains préféreront gagner de l’argent en minant des astéroïdes, d’autres en récupérant des données d’astres et en les revendant (exploration) ou encore en élimant des criminels et des vaisseaux de contrebandes. A moins que vous ne deveniez vous-mêmes un pirate ! Si vous voulez spéculer comme si vous étiez le traider de la bourse galactique, vous pourrez toujours acheter des matières premières pour les revendre plus chères ailleurs. Il n’y a donc pas une manière d’aborder le jeu mais de multiples. D’ailleurs, en fonction de vos préférences, vous pourrez racheter un vaisseau et changer tous ses éléments : la capacité du réservoir, l’armement, la soute, les scanners, le bouclier, les outils de minage, le nombre de sauts dans l’espace… Les seules limites que vous rencontrerez sont celles de l’argent. Il constitue le nerf de la guerre, vous en aurez besoin pour racheter du fuel, réparer votre vaisseau, acheter des améliorations et ainsi de suite. Si vous suivez la voie de l’exploration, sachez que vous avez pas mal de boulot qui vous attend, surtout quand on sait qu’il y a 400 milliards de systèmes à explorer. Celui qui découvre en premier une planète a l’honneur de lui donner son nom (ce qui explique que même en solo, une connexion est requise, le jeu met à jour les informations en temps réel). L’exploration repose sur une idée simple : scanner les objets astronomiques comme les soleils et planètes pour vendre les données aux systèmes qui sont situés au minimum à 20 années-lumière. C’est là que tout se complique ! Avec l’interception revue à la hausse, comme nous le disions précédemment, les données que vous avez obtenues avec les scans ne seront pas en sécurité. Ainsi, si un pirate de l’air vous détruit, vous perdrez l’intégralité de vos recherches. Non seulement, cela peut représenter des mois d’exploration, mais en plus, tout sera à refaire. On regrettera par ailleurs qu’il n’existe pas une forme de banque en ligne dans laquelle le joueur pourrait stocker les données et éviter ainsi d’être dégouté à vie après une telle mésaventure.
Une lutte d’influence à échelle galactique
Partout où il y a de l’intelligence, il y a une bataille pour la domination. Elite Dangerous résume bien cette pensée en introduisant le Powerplay. Il existe dix puissances galactiques, avec des systèmes économiques différents, des valeurs et des stratégies bien distinctes. Il ne tient qu’à vous de prêter allégeance auprès d’une faction pour étendre son influence ou parce que ses récompenses vous intéressent. Que vous soyez altruiste, engagé, plein de valeurs, opportuniste, pragmatique ou anarchiste, vous devrez remplir des missions pour la faction que vous rejoignez. Certains systèmes sont directement « contrôlés » par une faction alors que d’autres sont sous influence. Cette distinction paraît anodine, mais elle prend tout son sens quand il s’agit de comprendre l’expansion des factions (symbolisée par l’annotation CC). De façon plus générale, votre faction interroge ses membres pour décider des actions à suivre (où il faut s’étendre, avec qui s’allier, quels systèmes conquérir…) et les joueurs votent pour un objectif. Une fois celui-ci décidé, des missions hebdomadaires seront proposées aux joueurs. Ceux-ci ont alors une semaine pour remplir leurs buts. De l’implication de chacun dépendra le sort de votre faction. Un manque d’implication pourrait fortement affaiblir votre alliance. Plus encore, si vous n’êtes pas régulier dans votre dévouement, vous pourriez bien perdre vos avantages. En effet, il existe 5 rangs au sein de votre faction. Plus vous gravissez les échelons et meilleures seront les récompenses que vous recevrez à la fin de chaque cycle. En fonction de la faction, les avantages gagnés selon les rangs ne seront pas les mêmes. A vous de voir si vous défendez une faction ou si ce sont les récompenses plus que les valeurs qui vous importent. Pour conserver votre rang et ne pas diminuer d’un galon, il faut avant tout gagner le mérite nécessaire à votre maintien voire à votre ascension. Il est bien entendu possible de « déserter » et rejoindre une autre faction, mais comme tout choix, celui-ci aura des conséquences.
Outre le Powerplay, vous pourrez tester vos capacités de pilotes de façon plus compétitive avec le CQC (The Close Quarters Combat Championship), l’équivalent du JcJ à la sauce spatiale. Trois modes sont disponibles : match à mort, match à mort par équipe et capture de drapeaux. Ici, ce ne seront pas les vaisseaux de votre partie qui seront proposés mais des vaisseaux déblocables en fonction de votre rang CQC (comme le Sidewinder et l’Eagle). Pour débuter, il faudra donc se contenter du vaisseau de base et gagner de l’expérience pour progresser. Il est possible d’atteindre le rang 50 en CQC et de tout réinitialiser pour débuter les Prestiges. Le joueur perd tout ce qu’il a pu débloquer dans l’optique de gagner plus de crédits et d’afficher cette prouesse sur votre profil. Malheureusement sur la One, il est difficile de trouver des joueurs, ce qui oblige à attendre longtemps. Espérons que de nouveaux joueurs viennent sur le jeu, sinon les amoureux de JcJ risquent de perdre patience.
Elite Dangerous accomplit donc un passage réussi du Pc à la Xbox One. Entre pilotage technique et prouesse aérienne instinctive, le jeu de Frontier Developments saura vous en mettre plein la vue avec son univers riche en astres, en stations spatiales et ceintures d’astéroïdes. Elite Dangerous vous rappelle que vous n’êtes qu’une poussière dans l’immensité de l’espace et que vos actes entraînent nécessairement des conséquences. Elite n’est pas seulement un jeu de simulation multijoueurs, il est teinté de mécanismes RPG qui vous donnent le sentiment que rien n’est écrit par avance et que vous êtes le seul maitre de vos choix. L’extension Elite Dangerous : Horizons qui doit sortir très prochainement sur PC devrait accentuer l’immersion et rendre le gameplay encore plus varié avec l’exploration au sol des planètes !