Retrouvez notre test de Titanfall 2, un FPS orienté multijoueur, développé par Respawn Entertainment et édité par EA sorti sur PS4, Xbox One et PC via Origin.
Dans le monde très concurrencé des FPS, il faut bien reconnaître qu’en général, la fin d’année est plutôt chargée. En 2016, les mois d’octobre – novembre ont proposé des titres orientés multijoueur plutôt ambitieux qui ont su se hisser au top des ventes. EA et DICE notamment ont cassé la baraque avec Battlefield 1 (sur lequel je vous dis tout ici) servi par une campagne de communication particulièrement efficace. Et il y a eu Titanfall 2 une semaine plus tard. Honnêtement, on peine franchement à s’imaginer comment EA peut s’auto-concurrencer en lançant deux FPS majeurs à une semaine d’écart. Battlefield 1 sortait plus tôt et bénéficiait d’un capital sympathie (et d’une publicité) énorme auprès des fans (malgré un Battlefield Hardline en demi-teinte), Titanfall 2 avait son succès bien plus incertain tant le premier opus avait divisé. Ce dernier n’avait pas proposé de mode solo et n’avait pu toucher qu’une partie des joueurs, étant une exclusivité Microsoft sur xbox. Cette fois-ci, une campagne solo est bien au programme, et le jeu est sorti sur PC, Xbox One, mais aussi PS4. Voyons si la qualité est au rendez-vous.
Une technique qui n’a pas évolué
Ce qui saute aux yeux quand on a joué au premier opus et qu’on lance Titanfall 2, c’est qu’on a l’impression de revenir en arrière. Bon, c’est vrai que Titanfall n’était pas forcément ultra-laid, mais on aurait apprécié une évolution graphique manifeste. Là, il faut bien avouer que l’on se force à constater une quelconque différence. Le moteur de jeu était déjà un brin vieillissant en mars 2014, mais en 2016 on peut difficilement l’excuser, surtout que Titanfall 2 cherche à faire peau neuve et à attirer tout un panel de nouveaux joueurs. Le titre de Respawn Entertainment accuse le coup, surtout si on le compare à Battlefield 1 qui brille par ses qualités graphiques. Mais ne nous arrêtons pas là. Les graphismes ne font pas tout le jeu, et un des intérêts majeurs de Titanfall 2 semblait être la campagne fortement mise en avant lors de la présentation du titre.
Une campagne grandiose
On nous promettait une campagne énorme, et ça a été le cas. Oubliez le spectaculaire proposé habituellement à grand renfort de scripts et d’explosions cache misère. Le solo de Titanfall 2 a été pensé uniquement sous un angle bien précis : le gameplay. Tout est étudié pour que vous ne vous ennuyiez pas une seule seconde en alternant habilement les phases de shoot, de plateformes axées parkhour (course sur les murs, doubles sauts, glissades ect), de combats en titans et tout ça dans des environnements variés qui ne font pas couloirs et qui, je me répète mais c’est important, ne sont pas bourrés de scripts qui se déclenchent toutes les 5 secondes. Honnêtement, certaines scènes sont extrêmement inspirées, mais je peux difficilement vous en dire plus sans vous spoiler. Il est aussi important de noter que votre titan pourra ramasser différentes armes qui permettront d’alterner entre les différents styles de gameplay que propose le jeu. Cela s’avérera une excellente mise en bouche pour le multijoueur puisque vous aurez déjà testé un peu tout ce qui se fait en matière de Titans, mais on y reviendra. D’ailleurs, la campagne solo vous donne la possibilité d’affronter quelques boss par-ci par-là dans des combats de titans acharnés qui sont plutôt réussis. Malheureusement, tout cela est prenant mais file bien trop vite : comptez environ 6 heures pour finir la campagne, surtout que le scénario proposé ne casse pas des briques.
Un scénario horriblement classique
Si vous avez joué à Titanfall premier du nom, vous vous souvenez sans doute un mode « campagne » qui ne faisait que proposer une suite de missions multi vaguement scénarisées avec quelques dialogues concernant des personnages dont nous n’avions pas grand-chose à faire. On comprenait juste que nous étions au cœur d’un conflit opposant deux forces armées : la milice et l’IMC. Titanfall 2 dissipe complètement le doute dès la cinématique d’introduction : miliciens = gentils, IMC = méchants. En effet, l’IMC est présentée comme une force voulant exploiter les ressources à tel point qu’ils ne sèment que mort et désolation derrière eux. Oui, c’est plus ou moins le postulat de base d’Avatar, sauf qu’il y avait des personnages au moins un brin développés dans le film de James Cameron. Ici, pas besoin de s’embêter puisque vous jouez Jack Cooper, un soldat lambda qui suit une sorte de stage qui aurait pu s’appeler « devenez pilote de titan en 5 leçons avec le capitaine Lastimosa, un des meilleurs« . Ce dernier avait vu votre potentiel puisque avant de mourir malencontreusement en mission, il vous transfère les commandes de son titan appelé BT **insérez un chiffre aléatoire** , bon appelons le BT, et après l’avoir réparé en allant faire un peu de récup dans le coin, vous devrez ensemble parcourir une soixantaine de kilomètres en territoire ennemi pour rejoindre une position alliée. Qu’est-ce que vous foutiez si loin derrière les lignes ennemies ? Je suppose qu’on s’en fiche parce qu’on est face au fameux cliché « seul contre l’armée ennemie » qui était très à la mode du temps de Medal of Honor sur PS1.
Une armée de cyborgs ?
Autre chose qui me perturbe et qui est en lien directement avec le scénario : ce sont les personnages. Bon, déjà soyons clair : notre bon vieux Jack Cooper est absolument random. Je sais que c’est habituel dans les FPS de ne pas trop complexifier le personnage principal pour favoriser l’immersion, mais là il communique sans cesse avec son titan, et vous devez même choisir entre deux réponses à quasi chaque dialogue, du coup ça aurait pu être pas mal de le doter d’une personnalité, mais bon passons, fallait pas demander un Bioware non plus. Dans l’ensemble, on se retrouve face à un effet comique plutôt bien dosé mais classique qui repose sur le titan, intelligence artificielle qui aura tendance à prendre au premier degré tout ce que vous pourrez dire. Entre deux joke robotiques, vous affronterez une équipe de mercenaires bossant pour l’ennemi qui, surprise, a le pognon pour motivation (la base). Cette belle brochette est menée par Kuben Blisk doublé en VF par un Joey Starr qui est loin de faire l’unanimité. Honnêtement, je pense que c’est surtout à cause de la voix en soi de l’acteur / rappeur qui est très reconnaissable, à tel point que je m’attendais à chaque détour de couloir à croiser le vrai Joey Starr modélisé dans le jeu qui m’aurait pointé son arme sur la tronche en hurlant de sa voix rocailleuse : « surprise, ma gueule ! ». Je vous laisse imaginer la scène, c’est épique. Mais hélas ce n’est pas arrivé. Les autres mercenaires en font des caisses pour paraître bad guys (ou girls) typés. Bon, ça ce sont les méchants. Mais les gentils ? Ben… une poignée de cyborgs (pardon, de soldats) sans âme qui ne pensent qu’à un seul truc : remplir la mission. Ça marchait en campagne multi sur Titanfall, mais nous placer de tels robots dans une campagne qui se veut nous faire jouer une armée voulant protéger la galaxie, ça frôle presque le fail. Et le pire dans tout ça, c’est que le perso le plus humain, c’est le seul qui ne l’est pas ! BT est en effet le seul qui se distingue par son humanité, au-delà de ses protocoles. Cela aurait pu être une bonne thématique, l’homme qui apprend au contact de la machine tout ça, sauf que non, l’homme s’en tape, et Jack Cooper aussi. La campagne est très réussie niveau gameplay, mais niveau histoire, on repassera. Au passage : je punirais bien ceux qui ont évoqué une ressemblance avec Star Wars en leur forçant à voir la première trilogie une quinzaine de fois, juste pour qu’ils constatent la différence.
Des modes multijoueur efficaces
Le solo, c’est fait et c’était bien (si on occulte le scénario évidemment). Mais le reste alors ? Non parce qu’il faut bien dire que le premier opus n’était constitué que de multijoueur, ce serait quand même un comble qu’ils se soient loupés là-dessus. Mais rassurez-vous, il n’en est rien ! On retrouve des modes plutôt classiques comme Attrition qui vous propose gentiment de tuer tout ce qui bouge dans l’équipe adverse que ce soit pilotes (joueurs humains), titans ou bots. Ce mode est toujours aussi dynamique, ça bouge de partout, ça explose, et l’action gagne encore en intensité à l’arrivée des premiers titans. On retrouvera aussi des modes plus classiques : des »chacun pour soi » ou encore des affrontements entre pilotes si vous n’êtes pas d’humeur à vous frotter à des titans. Les modes chasse à la prime et point clé amplifié se révèlent, eux, particulièrement efficaces. Pour ceux qui voudraient tester leur skill à l’état pur, un mode Colisée en 1vs1 est également disponible. Des récompenses sont à la clé et l’inscription est payante contre la monnaie du jeu. Il y en a pour tous les goûts et cette variété fait plaisir.
Des capacités étendues
L’arsenal est étoffé, c’est une chose, mais les capacités plus variées apportent clairement un énorme plus aux affrontements. Ici aussi, il y en a pour tous les goûts : grappin, camouflage, bouclier, soin, hologramme, détection d’ennemis ou encore téléportation ! Les affrontements ont largement gagné en intensité et en technique. En effet, les mécanismes de jeu demandent cette fois un peu plus de temps pour être maîtrisés mais c’est loin d’être un mal, tant on faisait très vite le tour du premier opus. Le skin de votre personnage est lié à sa capacité et vous pourrez personnaliser sa couleur, celle de son arme et de son titan. Mais hormis un choix du sexe, vous ne pourrez pas personnaliser les éléments visuels de votre personnage comme son casque ou son armure, un peu dommage.
Des phases de titan axées Hero Shooter
Désormais, vous aurez le choix entre 6 types de titans, chacun possédant son arme et ses capacités qui lui sont propres. Vous pourrez personnaliser 3 compétences passives, mais tout le reste est lié uniquement au type de titan et encore une fois, il y a peu un de tout. Mentions spéciale à Northstar, le titan axé combat à distance (presque sniper) et à Ronin, le titan basé sur le corps-à-corps. Vous disposerez donc de trois compétences ainsi qu’une ultime que vous pourrez lancer une fois chargée au maximum. Bien utilisées, celles-ci pourront faire sans conteste pencher le cours d’un affrontement. Cette orientation « hero shooter » (à la Team Fortress 2) donne une ampleur presque stratégique aux combats de titans, et ce, sans en enlever le fun et la nervosité qui en découlent. Une vraie réussite !
Proposant une campagne solo extrêmement efficace avec une foule de bonnes idées de gameplay (malgré le scénario générique au possible) et un multijoueur plus ambitieux, nerveux et réussi sur absolument tous les points, Titanfall 2 se hisse au rang d’incontournable et corrige quasiment tous les défauts de son prédécesseur (si l’on oublie le moteur vieillissant). Et pourtant, le jeu ne semble pas avoir un démarrage réussi et l’avenir de la licence pourrait bien être remis en question. C’est extrêmement dommage. Il faut bien dire que Titanfall 2 est souvent injustement rapproché de la concurrence (il faut dire que le fait que les fondateurs de Respawn Entertainement soient également ceux d’Infinity Ward favorise la confusion), et surtout qu’il est sorti pendant la période qui surchargée en FPS. Malheureusement, ne bénéficiant pas d’une com aussi développée et surtout pas d’une réputation égale à ses concurrents, c’était prévisible. Pourtant, sans hésiter, si je devais n’en choisir qu’un seul, ce serait Titanfall 2. Le titre est ambitieux, extrêmement bien pensé, fun et possède bien son identité propre. Alors n’écoutez pas pas ceux qui vous diront « mouais c’est un FPS multi futuriste, encore un » et foncez. De plus, il a été annoncé que le jeu n’aurait pas de season pass et que tout le contenu serait proposé gratuitement, ce qui est définitivement bien trop rare pour être signalé. Ce qui fait le plus mal, c’est que le genre de pépites comme Titanfall 2 pourrait bien être en voie de disparition. A méditer.