Incités à rester chez nous à cause de la pandémie du COVID-19 (coronavirus), on pourrait penser que le jeu vidéo a de beaux jours devant lui. Hélas, il n’en est rien. En effet, le coronavirus bouleverse complètement l’univers vidéoludique. Focus !
En France, depuis la déclaration d’Edouard Philippe, beaucoup de structures sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Plus de bibliothèque, plus de cinéma, plus de restaurant… Il faut donc s’occuper ! Le jeu vidéo pourrait alors devenir l’objet idéal pour se divertir. Pourtant, même ce milieu se retrouve chamboulé par la pandémie, en bien comme en mal.
Répandre le virus !
Plague Inc est un jeu sur smartphone qui connaît une très grande popularité depuis l’arrivée du coronavirus. Même si les autorités chinoises ont supprimé le simulateur d’épidémie de Ndemic Creation des plateformes de téléchargement, le jeu reste de plus en plus téléchargé. Pour rappel, les développeurs insistent sur le fait que ce jeu n’est qu’une fiction, pas une étude scientifique. Avec sa popularité soudaine, Plague Inc pourrait être au jeu vidéo ce que Contagion de Steven Soderbergh est au cinéma depuis la pandémie.
Une évolution du jeu vidéo en ligne
Les services de jeux vidéo en ligne semblent aussi avoir explosés. Par exemple, depuis la fermeture des écoles en Italie, on compte une augmentation de 70% sur Fortnite selon le site de Bloomberg. On constate aussi une grande affluence sur League of Legends, Grand Theft Auto V et Call of Duty.
Internet traverse une grande épreuve de fiabilité et de puissance tandis que le télétravail prend de plus en plus d’ampleur pour se protéger du fléau. Beaucoup de logiciels, comme Skype, sont ainsi téléchargés. Luigi Gubitosi, directeur général de Telecom en Italie, explique d’ailleurs ceci :
« Nous avons constaté une augmentation de plus de 70% du trafic Internet sur notre réseau fixe, avec une importante contribution des jeux en ligne comme Fortnite. »
Au Royaume-Uni, un porte-parole de Vodaphone déclare que l’entreprise avait augmenté la capacité de son réseau. Le trafic Internet augmente considérablement depuis le mois de février.
La compétition par l’e-sport ?
L’e-sport connaît aussi une grande popularité à l’heure du confinement. Toutes les compétitions sportives à travers le monde sont petit à petit annulées, laissant alors la place à des compétitions virtuelles.
Rocket League, Overwatch, Fifa ou encore Apex Legends connaissent une incroyable notoriété sur Twich et les réseaux sociaux (YouTube Gaming et Facebook Gaming entres autres). Les tournois de ces jeux se lancent par milliers par semaine. Le partage sur les réseaux sociaux augmente lui aussi considérablement, allant jusqu’à des centaines de milliers de vues.
Toujours selon Bloomberg, le jeu en ligne permet à de nouveaux publics en quête d’action de s’intéresser à l’e-sport. Les grands événements sportifs savent pertinemment l’excitation générée par les tournois en ligne :
« Il est facile pour notre industrie de passer à des événements tout en ligne (…) Il ne sera pas très coûteux d’avoir plus de tournois et de contenus à promouvoir. »
En France, les compétiteurs amateurs en ligne seraient environ proches du million et 91 % d’entre eux sont âgés de 15 à 34 ans, selon l’association France Esports. Les compétitions basées sur les jeux de tirs semblent être les plus fréquentes.
L’E3 finalement annulé…
Si tout cela semble positif pour le jeu vidéo, les choses sont vite devenues compliquées. Même dans l’e-sport, il ne faut pas négliger le dispositif médical. Les tournois sont donc uniquement en ligne, ne pouvant être organisées dans les grandes salles (devenues vides de tous leurs supporters).
Nous savons aussi depuis quelques jours que l’E3, le plus grand salon de jeu vidéo à Los Angeles, est annulé.
« Après une consultation pointilleuse de nos membres au sujet de la santé et de la sûreté de tous les participants (nos fans, nos employés, nos exposants et nos partenaires E3 de longue date) nous avons pris la décision difficile d’annuler la tenue de l’E3 2020, qui aurait dû avoir lieu du 9 au 11 juin à Los Angeles »
Il n’est d’ailleurs pas le seul, puisque la Game Developpers Conference de San Francisco est aussi annulée. Microsoft, Sony, Kojima Productions et bien d’autres avaient annoncé à maintes reprises l’impossibilité de participer pour éviter la propagation du coronavirus. Microsoft avait exprimé ceci dans un communiqué du 29 février 2020 :
« Nous avons pris la difficile décision de nous retirer de la Game Developers Conference 2020 à San Francisco. La santé et la sécurité des joueurs, des développeurs, des employés et de nos partenaires partout dans le monde est notre priorité absolue. D’autant plus que le monde connaît des risques croissants pour la santé publique associés au coronavirus (COVID-19) »
L’annulation de l’E3 à cause du coronavirus entraîne de grandes conséquences pour les jeux indépendants. En effet, l’annulation de ces nombreux salons est beaucoup plus difficile pour eux. Les conférences, les tests et les expositions permettent à ces petits studios de gagner de la publicité mais aussi des partenariats avec de grands éditeurs.
Une difficulté économique à prévoir ?
Les jeux les plus attendus comme Cyberpunk 2077 ou The Last of Us Part II, ne pouvant être présentés par ses démonstrations, pourraient courir le risque de voir leurs dates de sorties (encore) repoussées de quelques semaines. Rien n’est sûr mais du côté économique, il est difficile d’imaginer la commercialisation du jeu uniquement sur les sites de vente en ligne.
Notons aussi que les grandes entreprises perdent une grande valeur boursière depuis plusieurs semaines, à cause de la peur générale du Coronavirus. En France, Ubisoft a perdu 25% de son chiffre tandis qu’au Japon, c’est Square Enix qui en a perdu 22%.
Pire encore ! Les productions de jeux et peut-être même des prochaines consoles risquent de connaître un développement plus lent. En effet : la quasi-totalité des machines sont construites en Chine. En 2018, plus de 90% des consoles vendues à travers le monde ont été fabriquées là-bas. Or, la contamination ralentit énormément la production.
Aucune déclaration n’a cependant été faite, nous pouvons donc encore espérer l’arrivée imminente de ces prochains jeux. Toutefois la firme DFC Intelligence redoute une possibilité de reporter la sortie de ces nouvelles consoles.
« Le coronavirus est susceptible d’avoir un impact majeur à court terme sur la livraison des deux systèmes. Il est fort probable que l’un des systèmes ou les deux ne soient pas lancés en 2020. Si les systèmes sont lancés, l’offre sera probablement limitée et le prix initial pourrait être plus élevé que prévu. Actuellement, l’économie est dans un état d’incertitude sans précédent. Même si la situation s’éclaircira dans quelques semaines, la capacité à fabriquer et à lancer un nouveau système de jeu haut de gamme a déjà été gravement affectée. »
En France, d’autres salons connaissent des annulations. C’est le cas du Festival Rétro Gaming Play les 14 et 15 mars 2020 en Seine et Marne. Il sera donc impossible de toucher aux anciennes consoles qui ont marqué l’heure de gloire du jeu vidéo…
Le jeu vidéo comme remède ?
Toutefois, si des difficultés économiques se ressentent tout au long de la pandémie, le jeu vidéo semble être un parfait passe temps mais également un excellent vecteur scientifique quant à la possibilité de « jouer » avec le Coronavirus.
Si Plague Inc permet aux petits malins de répandre une fausse épidémie, Foldit pourrait aider à le détruire ! Développé par l’université de Washington en 2008, ce jeu permet d’apporter des théories et des solutions auprès des scientifiques afin d’obtenir une aide précieuse.
Devenu une mission pour plus de 200.000 joueurs, le site pour télécharger le jeu indique que :
« Ces dernières semaines, les chercheurs ont déterminé la structure de la protéine de pointe du coronavirus 2019 et comment elle se lie aux récepteurs humains. Si nous pouvons concevoir une protéine qui se lie à cette protéine de pointe du coronavirus, elle pourrait être utilisée pour bloquer l’interaction avec les cellules humaines et arrêter l’infection ! »
Le but est donc de créer une protéine antivirale afin de comprendre et combattre le virus.
A l’heure actuelle, il est difficile de savoir jusqu’où le jeu vidéo va évoluer avec le COVID 19. En attendant, il reste le meilleur moyen de jouer en famille. Il permet aussi d’établir un contact avec le monde extérieur. N’est-ce pas un bon moyen de se souvenir de la philosophie de Death Stranding, dernier jeu vidéo d’Hideo Kojima ? Reconnecter une population qui à peur du monde extérieur… On en viendrait presque à plaindre les livreurs en cas de confinement total.