[Review] 52, des seconds rôles au premier plan

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Les trois plus grands super-héros de l’univers DC Comics – Superman, Wonder Woman et Batman –  ont disparu après Infinite Crisis mais d’autres héros ont survécu. Seront-ils à la hauteur ? 52, cette série en quatre tomes publiés par Urban Comics tente de répondre à cette question. Le deuxième volume est sorti le 23 février.

Une conception unique

Publié aux États-Unis toutes les semaines, cette série est scénarisée par Geoff Johns (Green Lantern, Justice League), Grant Morrison (Batman, Arkham Asylum), Greg Rucka (Wonder Woman) et Mark Waid (Kingdom Come) soit le All star game des scénaristes. Le but de ces scénaristes est de montrer que le monde a changé avec la disparition de Wonder Woman, Batman et Superman. Ils n’écrivent pas à tour de rôle un épisode différent mais chacun choisit ses personnages. Chacun veut intégrer ses lubies et se surpasse. Cela conduit à une prolifération de personnages souvent laissés de côté dans les autres séries. Après la 26e semaine, le partage est moins net et il semble que les scénaristes échangent de personnages. Comme le récit est écrit en temps réel, on suit les saisons et les fêtes. On sent une improvisation bienvenue et une écriture collective au fil de la plume.

Des recoins méconnus de l’univers super-héroïque DC

Ce quatuor prestigieux de scénaristes a carte blanche. On visite des régions imaginaires évoquées dans d’autres séries mais rarement mises en avant comme le Kahndak, dictature du Moyen-Orient dirigée par le puissant Black Adam. Les scénaristes ont aussi plus de liberté car ce sont des personnages secondaires – Booster Gold, Steel… qui peuvent donc disparaître ou mal agir. L’équipe scénaristique intègre même des personnages un peu datés et ridicules – la Punaise ou l’homme-crocodile Sobek – mais en changeant leurs origines. Ils les modernisent pour les intégrer à l’univers partagé. Dans d’autres cas, les scénaristes choisissent au contraire de garder l’étrangeté de ces personnages. Silvana, des ennemis assez ridicules nés dans les sixties, deviennent une famille dysfonctionnelle flippante.

Une visite dans un Moyen-Orient fantasmé

Une multitude d’histoires

Dans ce deuxième volume, on suit en même temps six histoires différentes. Selon l’épisode, la place des différentes histoires varie. Cette profusion ne dérange absolument pas la lecture mais, au contraire, les scénaristes choisissent de traiter chaque histoire avec des thèmes et un ton très différents. On nous raconte avec humour la quête de Booster Gold, héros venu du futur pour devenir célèbre. Steel est plongé dans une sombre histoire de conflits familiaux. Le capitaine de police Montoya et le redoutable Black Adam commencent une sombre quête de rédemption au Kahndak. Le Docteur Fate est plongé dans un récit très « Indiana Jones »… Le lecteur est libre de préférer certaines histoires.

Le récit sur Booster est très drôle mais aussi pathétique par ce besoin obsessionnel de reconnaissance. La transformation du super-dictateur Black Adam est très intéressante. Bien que vieux de plusieurs centaines d’années, il semble plongé en pleine crise de la quarantaine. L’ennemi juré de Superman – Lex Luthor a constitué une super team en injectant à de simples humains un sérum. Derrière un altruisme de façade, Luthor organise un plan de communication pour en faire des héros populaires. Booster Gold, faisant tout lui-même, échoue souvent mais nous touche par ce côté accro au des réseaux sociaux.

La mise en image est faite par un très grand nombre de dessinateurs pour suivre le rythme hebdomadaire dont les plus connus sont Phil Jimenez, Kevin Nowlan, Brian Bolland ou Joe Benitez. Cependant, le story board de l’ensemble des épisodes est l’œuvre de Keith Giffen. Cette organisation originale unifie l’ensemble. Tous ces dessinateurs ont un beau style réaliste et se permettent des audaces graphiques intéressantes. Deux héros – Animal man et Adam Strange sont coincés dans une navette pendant que Starfire négocie avec l’incontrôlable Lobo. Ils n’entendent rien et donc les bulles de dialogue sont vides. Ils ne voient que les gestes qui semble très osés. Revenue dans la navette, Starfire donne la teneur plus stratégique de ces débats.

Booster Gold découvre un problème temporel

Urban offre une très belle édition française. Chaque épisode se termine par un extrait du scénario, des crayonnés de Griffen qui permettent de voir l’envers de la création. On trouve toutes les superbes couvertures de J.G. Jones. Le plus intéressant est qu’à chaque fin d’épisode, un des scénaristes nous offre une analyse de sa propre œuvre ou un billet d’humeur sur sa relation avec les autres auteurs.

Pour résumer, 52 est un récit dont la conception originale offre un changement. Retrouver ou découvrir ces héros méconnus est aussi un bonheur.